Voltaire (extrait)

Voltaire (extrait)

Poème sur le désastre de Lisbonne br Voltaire (1756) br (extrait) br br Ô malheureux mortels ! ô terre déplorable ! br Ô de tous les mortels assemblage effroyable ! br D'inutiles douleurs éternel entretien ! br Philosophes trompés qui criez: « Tout est bien » ; br Accourez, contemplez ces ruines affreuses, br Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses, br br Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés, br Sous ces marbres rompus ces membres dispersés ; br Cent mille infortunés que la terre dévore, br Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore, br Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours br Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours ! br br Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes, br Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes, br Direz-vous : « C'est l'effet des éternelles lois br Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix » ? br Direz-vous, en voyant cet amas de victimes br « Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes » ? br br Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants br Sur le sein maternel écrasés et sanglants ? br Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices br Que Londres, que Paris, plongés dans les délices ? br Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris. br Tranquilles spectateurs, intrépides esprits, br De vos frères mourants contemplant les naufrages, br Vous recherchez en paix les causes des orages : br Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups, br Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.


User: Citizen62100

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Uploaded: 2007-01-26

Duration: 01:45

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