A Mérante br br br Au printemps, quand les nuits sont claires, br Quand on voit, vagues tourbillons, br Voler sur les fronts les chimères br Et dans les fleurs les papillons, br br Pendant la floraison des fèves, br Quand l'amant devient l'amoureux, br Quand les hommes, en proie aux rêves, br Ont toutes ces mouches sur eux, br br J'estime qu'il est digne et sage br De ne point prendre un air vainqueur, br Et d'accepter ce doux passage br De la saison sur notre coeur. br br A quoi bon résister aux femmes, br Qui ne résistent pas du tout ? br Toutes les roses sont en flammes ; br Une guimpe est de mauvais goût. br br Trop heureux ceux à qui les belles br Font la violence d'aimer ! br A quoi sert-il d'avoir des ailes, br Sinon pour les laisser plumer ? br br Ô Mérante, il n'est rien qui vaille br Ces purs attraits, tendres tyrans, br Un sourire qui dit : Bataille ! br Un soupir qui dit : Je me rends ! br br Et je donnerais la Castille br Et ses plaines en amadou br Pour deux yeux sous une mantille, br Fiers, et venant on ne sait d'où.