Sombre et pensif, debout sur la frontière, br Un Voltigeur allait finir son quart ; br L'astre du jour achevait sa carrière, br Un rais au loin argentait le rempart. br Hélas, dit-il, quelle est donc ma consigne ? br Un mot anglais que je ne comprends pas : br Mon père était du pays de la vigne, br Mon poste, non, je ne te laisse pas. br br Un bruit soudain vient frapper son oreille : br Qui vive... point. Mais j'entends le tambour. br Au corps de garde est-ce que l'on sommeille ? br L'aigle, déjà, plane aux bois d'alentour. br Hélas, etc. br br C'est l'ennemi, je vois une victoire ! br Feu, mon fusil : ce coup est bien porté ; br Un Canadien défend le territoire, br Comme il saurait venger la Liberté. br Hélas, etc. br br Quoi ! l'on voudrait assiéger ma guérite ? br Mais quel cordon ! ma foi qu'ils sont nombreux ! br Un Voltigeur, déjà prendre la fuite ? br Il faut encor, que j'en tue un ou deux. br Hélas, etc. br br Un plomb l'atteint, il pâlit, il chancelle ; br Mais son coup part, puis il tombe à genoux. br Le sol est teint de son sang qui ruisselle. br Pour son pays, de mourir qu'il est doux ! br Hélas, etc. br br Ses compagnons, courant à la victoire, br Vont jusqu'à lui pour étendre leur rang. br Le jour, déjà, désertait sa paupière, br Mais il semblait dire encor en mourant : br Hélas ! c'est fait, quelle est donc ma consigne ? br Un mot anglais que je ne comprends pas : br Mon père était du pays de la vigne. br Mon poste, non, je ne te laisse pas.