J’apprends que j’ai failli mourir. Ça explique la mine triste de mes visiteurs... Je vais maintenant faire un résumé chronologique des évènements, tels que je les reconstitue ensuite péniblement. En fait, le 23 août au petit matin, il semble que j’aie arraché mon cathéter. Les infirmiers m’ont trouvé à six heures dans le coma, cathéter débranché. Ce qui fait que br br de l’air est parti dans le cœur, et que j’ai fait une embolie gazeuse. C’est venu du fait qu’on ne s’est pas méfié, alors que j’étais à surveiller comme le lait sur le feu, un patient cumulant une fin de traitement morphinique et le retour d’une opération lourde. Une partie de mon cerveau a dû être mal irriguée pendant ce moment où l’air circulait où il ne fallait pas, c’est la raison de mon hémiplégie. Ce matin du 23 août, ce fut un beau branle-bas de combat ! L’urgence était de faire d’abord partir les bulles d’air du système circulatoire et de faire reprendre au cœur sa marche normale. On m’a donc emmené très vite au sous-sol de l’hôpital, dans le caisson hyperbare, un cylindre de 4 ou 5 mètres de long. On m’a installé là- dedans pour six heures sous la surveillance d’un médecin. Il paraît que ça ressemble à une plongée sous-marine à -35 mètres, sous pression et sous oxygène. Mais cela ne se passe pas tout à fait comme il faudrait : les médecins me ressortent du caisson au bout de seulement cinq heures. Les anesthésistes et réanimateurs expliquent à Nicolle que je fais une vertigineuse baisse jusqu’à trois de tension artérielle. On me transfère alors en réanimation et le chef de service apprend à Nicolle que, malheureusement, je suis pratiquement mort. « Vu son jeune âge, on peut pourtant encore espérer que sa tension remonte. Cependant, si dans une heure ou deux, on ne constate pas d’amélioration, il faudra s’attendre au pire ».