Certaines chansons ont une histoire rocambolesque: c’est le cas de « Manureva » d’Alain Chamfort. br A la fin des années 70, Gainsbourg voulait semble t-il toucher un plus large public : conquérir celui adolescent qui écoutait alors Chamfort d’où sa collaboration avec ce dernier dans l’album « rock’n roses » en 1977 br Cet album n’a pas vraiment fonctionné,ce qui semblait au départ remettre en cause cette collaboration. Mais Chamfort a pu convaincre Gainsbourg d’écrire à nouveau plusieurs titres pour lui dans son album « poses » en 1979 dont « Manureva » qui est devenu un immense succès br Et cela a permis de nouvelles collaborations dans l’album qui allait suivre « Amour année zéro » (1981) ou il a écrit quasiment tous les titres. br br Chamfort connaissait le potentiel de la musique qu’il avait co-écrite à Los Angeles avec Jean-michel Chaleat et Gainsbourg lui a écrit alors un premier texte : « adieu California ». br Mais beaucoup de chansons évoquaient déjà l’Amérique et Chamfort était sur la réserve contrairement à sa maison de disques qui l’approuvait car il trouvait dans ce sujet un coté « faussement à la mode » après « SO far away in LA » de Nicolas Peyrac et Hotel California des Eagles. Il a relancé alors Gainsbourg plusieurs fois et un soir cela a été le déclic : ce dernier lui a chantonné au téléphone « manu manureva » ! br C’était le nom de baptème du bateau multicoque d’Alain colas (« oiseau du voyage » en tahitien), navigateur proche de Tabarly qui a disparu en 1978 au large des Açores lors de la route du Rhum reliant St Malo à Pointe à Pitre. br Chamfort a été séduit trouvant le mot « manureva » doux et poétique après un moment de réticence : cela lui semblait délicat pour lui de présenter une chanson sur un drame récent, cela ne lui semblait « pas très respectueux ». br Mais Gainsbourg l’a rassuré, ce serait un hommage au navigateur La chanson est alors sortie et est devenue un tube célébrissime relançant la carrière de Chamfort ! (elle a été certifiée disque d’or) br A noter qu’Alain Chamfort a chanté plusieurs versions différentes de ce titre: techno mélancolique dans l’original, rock, plus classique, sobre simplement à deux pianos dans ses tournées récentes et c’est cette dernière version que j’ai retranscrit ici pour piano et voix. br br Chanson difficile vocalement à cause de la tessiture parfois très aigue même dans cette dernière version (l’original était entièrement en « voix de tête »), surtout quand on s’accompagne avec un accompagnement aussi complexe que celui que j’ai écrit.