Leo Ornstein - In Remembrance from 6 Lyric Fancies SO9

Leo Ornstein - In Remembrance from 6 Lyric Fancies SO9

Magnifique pièce très russe, très romantique, entre Rachmaninov et Tchaikovski, composée en 1911. Pour ceux que ça intéresse, a peu près a la même époque, Leo Ornstein composait également sa Danse Sauvage (1914): et voici une autre oeuvre que j'adore, le sublime 4ème mvt de la Sonate n°4 (1918), c'est un peu comme si Rachmaninov et Scriabine avaient composé une oeuvre en commun : Dans un interview, le pianiste Jay Gottlieb parle de Leo Ornstein : « Son parcours est un peu similaire à celui d’Antheil, dans un sens : un pianiste génial (il donna la "première" américaine de Gaspard de la nuit de Ravel), d’abord compositeur radical. À 9 ou 10 ans, il se présente au Conservatoire de Saint-Petersbourg, il doit jouer la Sonate op. 10 n°3 de Beethoven, il commence à jouer : "Oh, la la ! Le piano est complètement faux !" et il transpose un demi-ton plus haut toute la Sonate. Voilà le personnage ! Compositeur extraordinaire, il rencontre Cowell quand il émigre à New York, les clusters l’excitent beaucoup, il en utilisera dans ses pièces (Wild men’s dance). Sa musique de cette époque est passionnante. Et puis, comme Antheil, il se "tonalise" pour faire une musique plus "standardisée", plus assimilable. C’est un homme social, qui a mené une vie de pianiste concertiste, il a besoin que les gens l’écoutent... Et, Dieu sait qu’il a vécu en société jusqu’à un âge très avancé : il est mort le 24 février 2002 à 109 ans ; il était en bonne forme jusqu’à la toute fin, avec ses facultés bien préservées ; il n’avait rien d’un petit chamallow ! De créateur visionnaire, il est devenu un compositeur conventionnel, charmant, écrivant des Feuillets d’Album. Je pense à cette fameuse phrase de l’écrivain noir James Baldwin : "J’ai toujours eu peur d’être radical en étant jeune, par crainte de devenir conventionnel avec l’âge". Chez Antheil, c’est différent : le vécu a amené cette mutation, car il a traversé quatre, six vies successives. Chez Ornstein, je crois que la nostalgie a pris le dessus, le retour de la nostalgie russe.br Vivian Perlis a réuni des archives considérables à l’Université de Yale pour le fonds qu’elle a constitué : "Oral History, American music". Heureusement que cette merveilleuse femme existe, car elle a traqué avec des micros tous les compositeurs américains**. Elle m’a donné personnellement la transcription de ce qu’elle a fait sur Ornstein : c’est absolument passionnant.


User: Spianissimo

Views: 8

Uploaded: 2012-09-08

Duration: 04:14

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